DOMAINE ALBERT MOROT
Face à certaines appellations stars, pourvues de grands crus, Beaune est parfois sous-estimée. À tort! Cette maison prêche pour son terroir mis en lumière par le classement de l’Unesco.
Face à certaines appellations stars, pourvues de grands crus, Beaune est parfois sous-estimée. À tort ! Cette maison prêche pour son terroir mis en lumière par le classement de l’Unesco.
Albert Morot n’est plus de ce monde depuis longtemps. Mais au XIXe siècle, ce négociant de Beaune, qui avait fondé sa maison en 1820, faisait jeu égal avec les Bouchard, Jadot, Latour ou Bichot… Le marchand avait de la suite dans les idées : muni de la bible produite par le docteur Jules Lavalle en 1855, Histoire et statistique de la vigne et des grands vins de la Côte d’Or, qui distinguait les « têtes de cuvée » comme les meilleures de la Bourgogne, il fit l’acquisition d’une des plus belles collections de futurs premiers crus beaunois. Son trésor de guerre comprend, du nord au sud, un bout des Marconnets, des Cent-Vignes, des Bressandes, des Toussaints, des Grèves, des Teurons, des Aigrots et pour finir le Clos de la Bataillère à Savigny-lès-Beaune.
En 1880, Berthe Morot fait construire le manoir et le chai dans le parc de la Creusotte, véritable écrin pour le domaine. Les descendants cessent tout négoce pour se consacrer à ces 8 hectares de haut vol. Le dernier d’entre eux à diriger la propriété, Geoffroy Choppin de Janvry, convertit les vignes à l’agriculture biologique en 2015. En octobre 2023, il cède le tout à Guillaume Poitrinal, ancien plus jeune patron du CAC 40 à la foncière commerciale Unibail-Rodamco, devenu promoteur immobilier dans la construction bas carbone. Le nouveau propriétaire a confié le domaine à Pierre-Jean Villa avec pour mission de réveiller la Belle Endormie – à l’ombre d’un séquoia tricentenaire.
Ce grand vigneron de la Côte-Rôtie dispense son expertise et son talent à l’extérieur depuis que ses enfants s’occupent de son domaine de Chavanay. Il a l’habitude des allers-retours entre le Rhône, sa terre natale, et la Bourgogne, sa région de cœur. Au fil du temps, il a vu les vins bourguignons « reprendre leur identité en renouant avec leurs climats comme entité de terroir, puis retrouver une âme grâce au combat patrimonial d’Aubert de Villaine et Hubert de Montille pour les murets, les cabottes, les haies et tout ce qui fait le paysage agri-culturel ».